La ventriculographie gauche

LA VENTRICULOGRAPHIE GAUCHE

La ventriculographie gauche permet l’évaluation qualitative et quantitative de la fonction ventriculaire gauche. Cet examen n’est à l’heure actuelle plus réalisé de façon systématique dans le même temps que la coronarographie car la cinétique du ventricule gauche peut parfaitement être étudiée à l’échographie.

Cette exploration angiographique apporte cependant bien d’autres renseignements que celui du calcul de la fraction d’éjection du ventricule gauche, elle a notamment toute sa place dans le bilan des valvulopathies.

Indications

  • étude de la fonction pompe du ventricule gauche
    • analyse qualitative et quantitative
  • les cardiopathies ischémiques, au décours d’un infarctus du myocarde
  • les cardiopathies valvulaires : la ventriculographie, de par son opacification et la prise de pression intra-cavitaire, permet d’apprécier la sévérité du rétrécissement aortique et mitral. 
  • les cardiopathies congénitales : rapports anatomiques

Technique : les différentes étapes

  • La ventriculographie est réalisée à l’aide d’une sonde spécifique appelée “Pigtail” (en français “queue de cochon”) qui à l’avantage d’être multi-perforée en bout de cathéter pour pouvoir opacifier la cavité cardiaque dans son ensemble.
Sonde de queue de cochon placée dans le ventricule gauche
  • La sonde Pigtail est amenée dans l’aorte ascendante et le franchissement de la valve aortique sera facilité par la manipulation du guide métallique 0,035″.
  • Le cathéter est ensuite raccordé à la tête de pression pour la prise de pression intra-cavitaire, notamment télédiastolique du ventricule gauche
  • On raccorde la Pigtail à l’injecteur de produit de contraste pour l’opacification du ventricule gauche. L’exploration se fait en incidence OAD 30° ou OAG 30° selon l’indication.
Ventriculographie gauche en OAD 30°
Opacification du ventricule gauche en OAD 30°
Opacification du ventricule gauche en OAD 30°
  • L’examen se termine par l’enregistrement de la courbe de pression au cours du retrait VG-AO afin de pouvoir calculer le gradient éventuel de pression systolique entre le ventricule gauche et l’aorte. 

Réglages spécifiques de l’injecteur

L’opacification du ventricule gauche ne peut se faire qu’à l’aide d’un injecteur qui sera paramètré de la façon suivante : 

– un volume de produit de contraste compris entre 30 et 40cc

– une pression autour des 900 PSI

– un débit de 12cc/s

– une montée en débit de 1,2s pour éviter des extra-systolies qui rendraient l’interprétation difficile. 

Prise de pressions et interprétations

La prise des pressions dans la cavité cardiaque est nécessaire pour établir un diagnostic complet de la fonction ventriculaire gauche.

On distingue :

  • la pression systolique, qui correspond au pic maximal de pression
  • la pression protodiastolique, qui correspond à la pression la plus basse, après l’ouverture de la valve auriculo-ventriculaire
  • la pression télé-diastolique, qui coïncide après la contraction auriculaire, au début de la contraction ventriculaire
Courbe du VG avec le pic systolique, la PPDVG (Pression protodiastolique) et la PTDVG (Pression télédiastolique)
 
Valeurs des pressions normales (mmHg)

Une pression télédiastolique trop élevée signifie que le patient est en “surcharge” gauche et peut alors contre-indiquer l’injection supplémentaire de PDC (risque d’OAP).

LE GRADIENT SYSTOLIQUE VG-AORTE

Ce gradient, encore appelé “calcul du pic à pic”, permet d’apprécier la sévérité du rétrécissement aortique (RA). Dans les conditions physiologiques normales, les pressions systoliques ventriculaire gauche et aortique sont superposées.

Gradient normal
 Gradient pathologique

Ce gradient permet dans un second temps, lorsque le cathétérisme gauche est associé à un cathétérisme droit, de calculer la surface aortique d’après la formule simplifiée de HAKKI (Surface aortique serrée si < 1 cmou < O,5cm2/m2).

PRESSIONS SIMULTANÉES

La prise de pression dans le ventricule gauche, associée à une prise de pression capillaire, constitue le gradient de pression diastolique pour apprécier la sévérité d’un rétrécissement mitral.

Courbe de pressions simultanées montrant un rétrécissement mitral

RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

  • La ventriculographie gauche permet de calculer la fonction contractile du ventricule gauche ou fraction d’éjection. Le résultat est obtenu par calcul de la différence des volumes télédiastolique et télésystolique. Une fraction d’éjection est considérée comme normale lorsqu’elle est supérieure à 70%.
Les baies d’imagerie actuelles possèdent des logiciels intégrés et dédiés à ce calcul. 
  • Appréciation de la valvulopathie mitrale : L’opacification de l’oreillette gauche par régurgitation systolique du produit de contraste par le ventricule gauche témoigne d’une insuffisance mitrale (IM).  Cette pathologie mitrale est cotée en 4 stades,  en ordre croissant de gravité, selon la classification de Sellers.
Régurgitation élevée du PCI dans l’oreillette gauche par opacification du ventricule gauche : diagnostic d’IM 4/4
  • Appréciation de la valvulopathie aortique : L’IAo (Insuffisance Aortique = reflux anormal du sang de l’aorte dans le VG pendant la diastole) est appréciée par opacification de l’aorte ascendante en placant la sonde Pigtail juste au dessus de la racine de l’aorte et des valves sigmoïdes. Cette injection (encore appelée “sus-sigmoidienne”) se fait avec un maximum de pression (> 900 PSI) et évalue le degré de rétrécissement aortique qui est cotée en 4 stades, en ordre croissant de gravité, selon la classification de Sellers.
Exemple d’IAo de grade 4/4

VOCABULAIRE

  • Akinésie : Absence totale de contraction
  • Hypokinésie : Diminution du mouvement systolique vers l’intérieur
  • Dyskinésie : Mouvement systolique paradoxal vers l’extérieur